Le Long des murs

Zoo urbain

Vous connaissez le rouge gorge Tino Rossi, le mérion Géron, le requin Fred ? Avec un hippopotame, un loup, un cerf, un singe, un bison, deux pingouins… ils sont les vedettes du safari pédestre que propose leur créateur, le street artist Mathias, alias Le Long, dans les rues de l’est parisien. Des animaux aux couleurs chatoyantes qui font le bonheur des petits et grands promeneurs. Rencontre avec un jeune trentenaire atypique.

asaé : Comment passe-t-on de Mathias à l’état civil à « Le Long » sur les murs ?

Le Long : Je viens du sud et je mesure presque 2 mètres. Quand tout le monde m’appelait « Le Grand », un pote disait « Le Loooong » avec un « on » trainant et chantant. Ça m’a plu, je l’ai adopté comme pseudo.

asaé : Pas un mois sans que tu nous offres une nouvelle œuvre dans le quartier, tu nous racontes ?

Le Long : J’habite Paris depuis 11 ans. Je me suis d’abord posé dans le 13è où je suis resté près de 10 ans. Depuis 18 mois, j’ai migré aux Lilas. J’ai beaucoup de chance, il s’agit de deux secteurs à la fois populaires et ouverts d’esprit où le street art est le bienvenu, est bien perçu, respecté. Alors, forcément, c’est motivant, ça donne envie de partager.

asaé : Comment es-tu devenu street artist ?

Le Long : Ado, à Nice, je baignais dans la sphère hip hop, le basket de rue. A 15 ans, j’ai eu envie de mettre de la couleur dans la rue. J’ai commencé à graffiter mais je me suis rapidement fait embarquer par les flics. Mon père m’a passé un savon. Après le bac, j’ai fait une école de dessin et je suis devenu graphiste, réalisateur et directeur artistique dans le milieu du dessin animé. Après 10 ans, j’en ai eu marre. J’avais besoin de bouger. Le dessin animé, c’est très exigeant, tu passes ton temps assis devant ton ordi et ta palette graphique. 30 secondes de dessin animé nécessitent un mois de travail. Avec le street art, le résultat est directement visible, le dessin est réel. Depuis deux ans et demi que je peins sur les murs, je m’amuse, je prends beaucoup de plaisir et je crois que j’en donne aussi. Quelle meilleure récompense que de voir les gens s’arrêter devant tes œuvres ? J’avais besoin d’être créatif de façon tangible.

asaé : Comment travailles-tu ?

Le Long : Au début, j’utilisais des pochoirs parce que c’est propre et rapide. Mais, c’est emmerdant à découper et ça limite la taille des créations. Après une première expérience à main levée chez un particulier, qui s’est dit satisfait du résultat, j’ai pris confiance. Donc maintenant je travaille directement sur le mur. Je dessine la nuit, tu es plus peinard, et mon pote RoJim fait le guet. Pendant le deuxième confinement, la première fois que je suis retourné peindre dans la rue, j’y suis allé à 6 heures du mat’, juste après la levée du couvre-feu. Mais je me suis fait rattrapé par le jour. Depuis j’ai repris mes habitudes nocturnes.

asaé : Comment choisis-tu tes emplacements ?

Le Long : Je fais des repérages. Je choisis mes murs en fonction du sens des rues afin de ne pas me faire choper pendant que je peins, et en m’étant assuré que l’emplacement n’est pas recouvert tous les trois jours. Il y a aussi la question de la visibilité que le mur offre à l’œuvre.

asaé : Tu ne dessines que des animaux et tes créations ne sont sans nous interpeler sur le fait que la plupart d’entre eux sont des espèces menacées…

Le Long : J’ai fait le choix des animaux car ils sont humbles et graphiquement beaux. Ils sont la représentation la plus directe et la plus saine du vivant, de la diversité. Ça me désole de savoir que tous les trois jours, une nouvelle espèce est déclarée en voie de disparition. J’aimerais que tous ces animaux soient encore présents sur Terre dans trois générations. Alors oui, en plus d’une démarche créative qui consiste à mettre de la couleur dans la ville, dans la vie, à faire du bien et du beau, il y a un message engagé, je leur rends hommage.

asaé : Tu nommes tes animaux, d’où proviennent leurs drôles de noms ?

Le Long : Je les nomme pour pouvoir les différencier, les répertorier. Parfois le patronyme sort de nulle part : je demande à RoJim « Il a une tête de quoi celui-là ? », il me répond ce que le dessin lui inspire et voilà. Parfois, je pioche sur le site « le grenier de Lisette » qui propose des prénoms anciens ou issus de la mythologie, de la littérature. Ça me fait marrer.

asaé : Te souviens-tu de ta première intervention parisienne ?

Le Long : C’était dans une rue du 13è. J’y ai peint une libellule, une coccinelle et un hibou.

asaé : Si tu devais te figurer dans ce zoo, en quel animal te représenterais-tu ?

Le Long : il y a un peu de moi en chacun d’eux : le babouin pour le côté énervé, le bousier pour le côté « chacun porte sa croix », le cerf pour le côté majestueux.

asaé : Des projets ?

Le Long : Oui, Il était Tine fois, ma première expo ! Ce sera au Centre Paris Anim’ Reuilly Bessie Smith, dans le cadre du Festival des Cultures Urbaines. Je peindrai en direct le soir du vernissage et il y aura aussi deux concerts live (rock alternatif & rap hip hop). Je vous y attends nombreux !

Expo : Il était Tine fois, du 27/05 au 22/07.
Vernissage le 27/05 dès 18.30.
Centre Paris Anim’ Reuilly
Bessie smith,
19 Rue Antoine-Julien Hénard, Paris 12.
https://www.facebook.com/events/306965614111252/?acontext=%7B%22source%22%3A%2229%22%2C%22ref_notif_type%22%3A%22plan_user_invited%22%2C%22action_history%22%3A%22null%22%7D&notif_id=1619601770099624&notif_t=plan_user_invited&ref=notif

Suivre Mathias/Le Long : Insta = @lelong_art
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