Galéjade à Galliera

Chanel peu charnelle

Le Palais Galliera a rouvert après deux ans de travaux en partie financés par la Maison Chanel. Rien d’étonnant dès lors que l’exposition inaugurale soit consacrée à la fondatrice de la marque aux C entrecroisés. Intitulée « Gabrielle Chanel, manifeste de mode », la rétrospective met en perspective la carrière de celle qui libéra le corps des femmes

 

Suivant un parcours chronologique, orchestré en 10 chapitres -chacun s’ouvrant sur un portrait de la dame, dont le célèbre cliché de Man Ray-, on découvre l’évolution de son style, la mise en place de ses codes… Au total, sont exposées 350 pièces parmi lesquelles : des vêtements, bijoux de pacotille et de joaillerie, le sac à main 2.0, le soulier bicolore, le parfum n°5. Le tout sur 1 500m2 d’exposition. Les galeries du rez-de-chaussée ont pris le nom de la modiste d’origine modeste qui, pour financer l’ouverture de sa première boutique à Deauville en 1912, emprunta à son amant. Il y eu ensuite Biarritz puis la rue Cambon à Paris et la réussite que nous lui connaissons.

 

 

Pièces maitresses

De la marinière en jersey de 1916, au tailleur en tweed gansé, avec les bords garnis d’un liseré, imaginé en 1954, rien ne manque. On admire les petites robes noires, style Charleston, des années 20, qui nous plongent dans les pages de Gatsby le Magnifique. On apprend que l’escarpin bicolore trouve son origine dans le fait que Coco Chanel voulait préserver le bout de la chaussure exposé aux aléas du trottoir. On reste dubitatif quant au succès du sac matelassé à bandoulière en chaine dorée. On s’enivre dans la salle consacrée au célèbre n°5, parfum élaboré au moyen de 80 composants artificiels, créé il y a un siècle cette année. Quel plaisir que d’entendre l’enregistrement de la voix de Marilyn déclarant qu’elle ne « dort pas nue mais nimbée de n°5 ».

 

Autumn mood

On savait le vestiaire de Madame Chanel monochrome ou tout au plus bicolore, à base de noir, blanc, beige, doré, gris, grège. Des quasi non couleurs. Exceptions faites du bleu nuit et du rouge vif. Cette dernière teinte revenant à une unique robe par défilé, présentée en 5è position, chiffre fétiche de la créatrice. A cette terne palette, s’ajoute le fait que les vêtements sont posés sur des mannequins décapités, statiques, pubis en avant, qui confère à l’expo une impression affectée, austère, ne rendant pas hommage à la révolution vestimentaire opérée par Chanel pour qui élégance rimait avec confort. On aurait aimé voir les robes en mouvement, habiller des stars de l’époque, prendre vie. Or, les rares photos de people arborant les créations présentées, sont elles aussi posées.

Autre déception, la salle dédiée aux bijoux fantaisie : un déferlement de doré, de clinquant, de verroterie... On aurait souhaité voir les bijoux en situation, rehausser les tenues de haute couture et non se retrouver face à ces pièces posées à l’horizontal dans des vitrines, sans aucune mise en scène. On frise la nausée, l’overdose.

En somme, une expo qui ravira les inconditionnelles mais peu en phase avec l’humeur printanière et l’envie de gaité ressentie au sortir de cet énième confinement/couvre-feu. On salue néanmoins, côté scénographie, la salle présentant les robes de soirée, parée de miroirs réfléchissant les mousselines et soieries à l’infini.

Gabrielle Chanel, manifeste de mode. Palais Galliera Musée de la Mode,
10 avenue Pierre 1er de Serbie, 16è. Jusqu’au 18/07/2021. Réservations obligatoires : www.palaisgalliera.paris.fr

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