BDFIX
Par Toutatis !
18 mois après qu’il ait tiré sa révérence à l’âge de 92 ans, le musée Maillol consacre une exposition rétrospective au « Walt Disney de la rue de Montreuil », comme se plaisait à se surnommer le dessinateur Albert Uderzo.
L’exposition propose un parcours chronologique depuis les premiers dessins réalisés dans ses calepins de sciences et de poésie par l’écolier jusqu’à la consécration avec Astérix. On s’extasie sur l’attention portée aux détails sur une série de poissons qui a valu à l’élève Alberto, âgé d’une huitaine d’années, des TB en marge du cahier. On rit devant son permis de conduire poids lourds obtenu lors de son service militaire qu’il a lui-même décoré. On apprend qu’il décroche son premier contrat à 18 ans avec Clopinard inspiré des personnages Disney et que sa carrière débute au sein d’une agence de presse où il alterne illustrations pour des magazines et planches de BD. On découvre que les appareils « soviétiques » qu’affrontaient Tanguy et Laverdure à bord de leur avion de chasse Dassault Mirage III-C, étaient imaginés de toutes pièces car inconnus à l’ouest, guerre froide oblige. On s’amuse des figurines du jeune peau rouge, des maquettes du village. On s’émeut des hommages rendus par d’autres dessinateurs à Uderzo (Franquin, Morris, Peyot, Roba…). On admire une affiche d’Obélix en homme de Vitruve, on traverse une salle tapissée de « unes » du magazine Pilote. Au total, sont présentés plus de 300 œuvres originales et objets personnels révélant la pluralité des styles graphiques maîtrisés par le papa d’Oumpah-Pah.L’aventure Pilote
Albert Uderzo et René Goscinny se rencontrent en 1951, le second étant missionné pour récupérer des planches auprès du premier. Aucun ne soupçonne alors leur future collaboration et amitié indéfectible. A l’automne 1959, doit paraitre un nouveau magazine spécialisé en bande dessinée pour lequel les compères ont été sollicités. Ils ont prévu d’illustrer le « Roman de Renart », or catastrophe, ils apprennent qu’un collègue a déjà déposé cette idée. On est en juillet 1959, il leur faut rapidement trouver une idée de rechange. C’est chez Albert, à Bobigny, lors du brainstorming le plus court de l’histoire du 9è art que naissent Astérix et ses comparses. En 1/4h, Albert et René posent les bases des aventures du jeune gaulois. Le succès est immédiat : de l’humour, de la camaraderie, des travers perçus comme typiquement français tels que la gourmandise, la bougonnerie… Le tout assaisonné de jeux de mots et de références culturelles. Une recette que les auteurs exigent des adaptations de leurs traducteurs. Résultat : 380 millions d’albums vendus à travers le monde, 32 opus traduits en 116 langues. Une reconnaissance internationale.S’il est le plus célèbre, Astérix n’est pas le seul bébé de Pilote. En effet, dès le numéro un de la revue apparaissent Tanguy & Laverdure et le Petit Nicolas. Et, c’est aussi grâce à Pilote qu’Idéfix est Idefix. C’est le seul personnage de la saga dont le nom n’est pas sorti de l’imagination des créateurs. Il est le fruit d’un concours proposé par les auteurs aux lecteurs de Pilote suite à la première apparition du chiot dans Le tour de Gaule d’Astérix.
Uderzo, comme une potion magique. Musée Maillol, 61 rue de Grenelle, 75007. Jusqu’au 31/10/2021/
Commentaires
Enregistrer un commentaire