Caron en ligne de mire

 Ça tourne Caron…

Le centre d’art cherbourgeois Le point du jour expose le photoreporter Gilles Caron. Disparu en avril 1970, à l’âge de 30 ans, à la frontière du Cambodge et du Vietnam, Gilles Caron était le photographe qui donnait un visage aux conflits. Une plongée dans un travail humaniste et engagé.

Gilles Caron, Autoportrait
Guinée-Bissau, décembre 1968
© Fondation Gilles Caron / Clermes
C’est en Algérie où il effectue son service militaire que Gilles Caron a le déclic pour la photographie. Ayant lui-même participé contre son gré au conflit algérien, il n’aura de cesse de montrer les populations prises indépendamment de leur volonté dans les engrenages des combats. De retour en France, il débute auprès de Patrice Molinard, photographe de mode et de publicité avant de rejoindre l’agence Apis, spécialisée dans le spectacle. En 1965, il se lie d’amitié avec Raymond Depardon qui crée l’agence Gamma l’année suivante : une rencontre décisive. Ayant rejoint Gamma l’année suivante, il assiste en juin 67, à la guerre des six jours et shoote les soldats Israéliens entrés à Jérusalem est, embrassant le mur des Lamentations. En 68, il couvre les évènements de mai, le Biafra, le soulèvement de Derry et les affrontements de Belfast, puis  le premier anniversaire du printemps de Prague…

Question de déontologie

L’exposition est organisée en huit sections, chacune dédiée à l’un des grands reportages qui ont jalonné sa carrière. Sont exposés 77 tirages argentiques contemporains et 17 développements d’époque tirés par Gamma à destinations de la presse. Des images iconiques comme la photo de Cohn-Bendit défiant les CRS, en réalité savamment posée et cadrée, la jeune irlandaise de Derry ajustant son masque pour se protéger des gaz, la famine au Biafra avec cette terrible mise en abîme où l’on voit Depardon photographier un enfant agonisant. Ou quand Caron questionne l’éthique de son métier. Avec cette photo, le reporter dénonce la limite moralement acceptable sous prétexte d’information.

Les versos des éditions originales présentent légendes, annotations et indications de cadrage. Informations reprises sur les cartels explicatifs de l’expo. En plus des photos, sont dévoilées des planches contact, dont sa dernière qui mêle scènes d’intimité familiale et clichés du Cambodge, des pages de magazines ayant publié des images de Caron et l’affiche officielle « Porté disparu » parue après sa disparition.

Gilles Caron
Manifestante républicaine,
Derry, Irlande du Nord, août 1969
© Fondation Gilles Caron / Clermes
Un accrochage qui rend un bel hommage à la modernité du travail de ce photographe éclair reconnaissable à son point de vue décalé et son empathie.

Gilles Caron / Un monde imparfait, jusqu’au 10/10/21. Centre d’art Le Point du jour, 107 avenue de Paris, Cherbourg. www.lepointdujour.eu

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