Andiamo Ando !

Andiamo Ando !

Souvenir d’une dégustation, il y a presque 20 ans, de truffes et dragées au chocolat, enivrée par la volupté des fèves de cacao torréfiées, au Marché au Chocolat alors installé sous la verrière de la Bouse de Commerce.  Retour, début 2022, en ce lieu mythique, dorénavant écrin de la Collection Pinault.

Un bâtiment d’exception

Tour à tour hôtel particulier transmis en héritage à Saint-Louis, palais de Catherine de Médicis, halle aux blés, bourse de commerce et musée d’art contemporain, l’édifice ne cesse de se réinventer. Bâtisse circulaire de 122 mètres de circonférence, constituée de deux galeries concentriques autour d’une rotonde, elle-même surmontée d’un grenier voûté qui s’ouvre sur 25 arcades. L’édifice est pourvu, à l’extérieur, d’une colonne cannelée haute de 31 mètres, élevée en 1578, dans laquelle se niche un escalier à vis de 147 marches menant à une plate-forme de fer destinée, selon la légende, à l’astronome de Catherine de Médicis. A cette colonne ont été adjoints un cadran solaire et une fontaine, toujours visibles.

A l’intérieur, un escalier à double révolution (comme au château de Chambord) qui permettait aux porteurs chargés de leurs fardeaux encombrants de ne jamais se croiser. Au sous-sol, l’ancêtre du frigo, inventé par M. Popp, utilisé au début du 20è siècle pour conserver au frais  les denrées fragiles. La halle fut en service jusqu’en 1873 avant de devenir bourse de commerce de 1889 à la fin du 20è siècle. Le fronton, sculpté au 19è, la fresque bordant la coupole, longue de 140 mètres, réalisée lors de la transformation du site, représentant des scènes d’échanges commerciaux très stéréotypés,  et la verrière sont classés monuments historiques depuis 1986.

Ultime reconversion

Acheté par la ville de Paris au début des années 2010 pour 86 millions d’euros, le bâtiment est confié à l’industriel François Pinault pour y recevoir, par roulement, sa collection de 10 000 œuvres d’art contemporain des années 60 à nos jours. Des peintures, sculptures, installations, photographies, vidéos, enregistrements audio… avec une prédilection pour les séries pouvant présenter des dizaines de pièces répétant un motif similaire.

Des œuvres parfois d’un goût douteux tels des chats empaillés, 52 pigeons naturalisés, prenant place le long de la corniche, et des tableaux à base de sacs poubelle d’immeuble déchirés. A cela s’ajoute l’absence de cartels. Au rez-de-chaussée, dans la rotonde, une sculpture de cire, initialement réplique grandeur nature du marbre représentant L’enlèvement des Sabines de Giambologna, bougie géante entourée d’autres créations éphémères car également en cire, destinée à se consumer au fil de la période d’exposition.

C’est à l’architecte japonais Tadao Ando, lauréat du prix Pulitzer, qu’ont été confiés les travaux de rénovation. L’idée était de préserver la lumière zénithale entrant par l’immense verrière. Ando a ainsi conçu un cylindre de béton blanc séparant la rotonde des arcades latérales, doublé d’une coursive de 91 mètres s’élevant progressivement jusqu’à 9 mètres et desservant les deux premiers étages. Au total, ce sont 6 800m2 de salles d’exposition. Du troisième étage, accessible via le double escalier, où est installé un restaurant, le point de vue sur la canopée des Halles et Saint-Eustache est, on ne peut plus, instagrammable. Au sous-sol, enfin, se trouve un studio de 286 places permettant l’organisation de performances et conférences.

Bourse de Commerce / Collection Pinault, 2 rue de Viarmes, 75001. Accès gratuit chaque premier samedi du mois de 17h à 21h. www.pinaultcollection.com

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