Mugler de plaisir

Mugler de plaisir

Thierry Mugler a tiré sa révérence le 24 janvier dernier. La rétrospective Couturissime présentée au MAD se visite donc comme un hommage au couturier visionnaire et protéiforme. Au programme, 150 pièces, dont des créations de haute couture, de prêt-à-porter, des costumes de scène, accessoires, photos, croquis, couvrant la période 1973-2014, présentées dans 9 espaces.

No limit

Immersion dans le monde des arthropodes avec la collection « Insectes » de 1997 gainant les femmes en fourmi, cigale, guêpe, mante sans oublier le fourreau papillon et le thunderbird, emblème de la collection « Chimères » de 1998, brodé de cristaux, plumes et crins de cheval. Suivent les réalisations inspirées du monde marin : bustiers coquillage, kimono aquatique, jupe méduse… Si Mugler s’inspire du vivant, il refuse les peaux et fourrures naturelles. Pour imiter carapaces, exosquelettes et cuirs, il recourt aux cuirasses en matières synthétiques : élasthanne, latex, vinyle, plexi, matières subversives et fétichistes qui moulent les corps et érotisent les courbes.

Des matières qui dessinent des silhouettes graphiques et futuristes à l’image des héroïnes de comics ou femmes robots de science-fiction. Telle la Maschinenmensch, référence au personnage de Futura du roman dystopique Metropolis, conçue pour les 20 ans de la marque en 1995. Armure dénudée articulée dont la conception a nécessité 6 mois de travail. Ou encore la collection Buick de 1989 inspirée des voitures américaines des années 50/60 présentant robe en pneus, ceinture avec pots d’échappement, bustier chromé ou avec guidon de moto intégré…

Tous azimuts

Outre un style audacieux et extravagant, hors des tendances et résolument glamour, Mugler a initié les défilés spectacles, à l’instar du japonais Issey Miyaké. En France, il a été le premier à organiser, au Zénith en 1984, un show ouvert au public contre un droit d’entrée de 175 francs. Un défilé mobilisant 800 projecteurs, 18 ingés sons, 20 coiffeurs, 20 maquilleurs et 60 mannequins dont les plus iconiques des années 90 arborant 350 modèles. Il est aussi le créateur des 70 costumes de La tragédie de Macbeth mise en scène par la Comédie française et jouée en Avignon en 1985. Une commande qui a mobilisé le plus important budget depuis la fondation de la troupe en 1680.

Touche à tout de génie, il s’amuse à bousculer les codes : olfactifs, en inventant des parfums inédits mêlant accords sucrés et notes salées. En matière d’images en filmant les coulisses d’un défilé pour le clip « Too funky » de George Michael. Précurseur, Mugler a inclus très tôt parmi ses égéries des modèles grande taille et transgenres. Enfin, dès 1976 il choisit de shooter lui-même ses campagnes de pubs.  Ses photos, prises dans des lieux improbables comme les dunes du Sahara, la banquise au Groenland, les toits de l’Opéra Garnier, sont présentées aux côtés de tirages de Pierre & Gilles, Jean-Paul Goude, Karl Lagarfield. Une expo, à la fois booster et revival pour la génération décennie 70, qui convoque tous les sens et sensualités.

Thierry Mugler, Couturissime, jusqu’au 24 avril. Musée des Arts Décoratifs, 107 rue de Rivoli, 75001. https://madparis.fr/couturissime

 

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