Trop grolle !

Trop grolle !

A Granville, sur la droite en remontant la rue Couraye, se trouve une grande porte de style industriel avec, sur le trottoir, un joyeux étal fait de bric et de broc, débordant de modèles de chaussures toutes plus étonnantes les unes que les autres. Bienvenus au Garage du Godillot, l’antre de 140m2 d’Eric Auvret, artiste chausseur indépendant.

Le Garage, espace de vente ou galerie d’exposition ? Dans tous les cas, un lieu où la couleur est reine. Un spot original et surprenant, sorte de caverne d’Ali Baba pop et arty, plein de recoins et d’étagères. Une boutique sur deux niveaux meublée d’un canapé, d’une table de jardin colorée avec ses chaises assorties et peuplée de boîtes en fer vintage, d’un vieux vélo de course, d’objets de déco rétros, de petits jouets, bijoux fantaisie et de robots home made à base de boîtes de conserve. Sans oublier le coin textile proposant t-shirts, sweat-shirts et bobs, pour femmes et hommes.

Eric nous accueille tout sourire derrière ses lunettes dignes d’Elton John. Eric vend ses propres créations et quelques modèles d’autres marques. Des bottes, des sandales, des salomés, fermées, semi ouvertes, basses, montantes… Toutes ont cette particularité d’être très travaillées et arborent un talon original, au design soigné. Les créations d’Eric sont un savant assemblage de matières parmi lesquelles, le cuir, le bois, le ruban, le tulle, la dentelle, la chaîne, les pressions… Rencontre avec un créateur prolifique qui voit la vie en technicolor.

asaé : Eric, qui es-tu ? Comment es-tu devenu créateur de chaussures ?

Eric : Gamin, je n’étais pas scolaire. J’avais besoin de faire du sport et de dessiner. Mes parents vendaient des chaussures très classiques dans une petite ville de province. J’ai vite compris que le magasin était en décalage par rapport aux tendances. J’avais envie de belle déco, d’apporter de la fantaisie, de la couleur, des formes, de la folie, du rêve quoi. Cette volonté s’est confirmée en grandissant. Les nuances et teintes de la nature m’influencent, me font vibrer. Je rêve d’un monde moins orienté vers l’argent, plus artistique, plus humaniste et respectueux de la nature.

asaé : Peux-tu nous raconter ton processus de création ? Tes influences, tes créateurs fétiches ?

Eric : Je n’ai pas de concepteur favori, ni influence particulière. Je suis curieux de la vie, des gens. L’inspiration nait des rencontres, des balades, des suggestions des clients parfois. Je me refuse à la facilité, à copier ce qui existe dans le seul but de faire de l’argent. Alors, je griffonne, je croque, je dessine. Beaucoup. Après, il faut que le croquis prenne vie, qu’il enchante. Mais, il faut faire des choix parmi les idées car le prix d’un moule étant de 3700€, il faut en fabriquer des paires pour le rentabiliser. Or, je fais réaliser des séries de 7 à 12 paires par modèle. D’abord, je fais le tour des marchands de cuir pour trouver le matériau qui me convient, puis, c’est une petite entreprise située à une centaine de kilomètres de Porto qui se charge de la production sous ma supervision.

asaé : Des projets ?

Eric : L’idée est de mettre en place un site d’images, pour donner à voir mes réalisations et projets en cours, accessibles aux particuliers comme aux professionnels. De sorte que les personnes intéressées et les pros qui découvrent et adhèrent à mes modèles, puissent me contacter et passer commande. Cela pourrait représenter une ouverture à l‘international.

Notre coup de cœur va aux petits souliers tout souples de lutin. Avec une mention spéciale pour les sacs téléphone au design pop et vintage, qui, pour l’heure, sont en rupture de stock. Mais qui sait…

Le Garage du Godillot, 2 rue Charles Guillebot, 50400 Granville. Du mardi au samedi de 10h à 19h. Tél : 07 88 63 66 10. Mail : ericauvret@gmail.com