Jaune McCurry

Jaune McCurry

Encore trois semaines pour découvrir, au musée Maillol, la rétrospective consacrée à Steve McCurry.  Afghanistan, Inde, Pakistan, Ethiopie, Yémen, Mali, Liban, Birmanie, Tibet… Bienvenue dans le monde habité et coloré du photographe américain.

Riche de plus de 150 clichés, l’exposition retrace les 40 années de carrière du photoreporter new yorkais âgé de 72 ans. Steve McCurry effectue son premier voyage à 19 ans, direction l’Europe. 1978 marque sa première expérience indienne qui sera suivie de dizaines d’autres. Entre 79 et 80, il se rend en Afghanistan, pays occupé par l’armée soviétique. Il entre sur le territoire, fermé aux journalistes, vêtu d’un vêtement traditionnel et guidé par un groupe de Moudjahidins auxquels il confie sa vie. Il vivra au milieu d’eux plusieurs semaines et sortira du pays, ses pellicules cousues dans l’ourlet de sa djellaba. Hommage est rendu à ses combattants avec une sélection de photos en noir & blanc qui ouvrent l’exposition. Par la suite McCurry s’est rendu dans de nombreuses régions en proie à la guerre, répondant à des commandes de reportages pour divers titres de presse. En effet, le globe-trotter est membre de l’agence de photos de presse Magnum depuis 1986. Son crédo, donner des visages aux conflits, tant du côté des combattants que des populations victimes des affontements.

Spécialiste du portrait, McCurry traque les expressions, les regards. Quand le photographe shoote un visage, c’est à la fois l’empathie d’un professionnel engagé et un volet de l’histoire du modèle qui nous sont donnés à voir. Ses visages, profonds, intenses, deviennent des symboles. Comme le célèbre portrait de Sharbat Gula, la jeune afghane aux yeux verts photographiée en 1984 dans le nord du Pakistan dans l’école d’un camp de réfugiés. Photo mondialement connue ayant fait la couverture du magazine National Geographic en juin 1985 et qui, sans surprise, apparaît sur l’affiche de la rétrospective.

L'attrapeur de couleurs

McCurry est un chasseur de couleurs. Il ne peut résister à l’idée d’une image aux nuances éclatantes, que la scène ait lieu de façon impromptue ou qu’il l’ait composée, imaginée en un lieu spécifique. Il n’a alors de cesse de revenir sur le site à divers moments de la journée dans le but d’obtenir la lumière idéale et le détail vivant qui rendront la photo « habitée ». Qu’il s’agisse de lieux de culte, de villes détruites, de paysages naturels ou de sites abandonnés, l’humain et la vie occupent une place centrale dans le travail de McCurry. Enfants, femmes, vieillards, animaux sont ses sujets de prédilection et participent, même lorsqu’ils ne sont évoqués que par leur seule ombre, à cette « humanité » des clichés du photoreporter. Pour McCurry, une photo réussie est une image qui ne s’oublie pas, qui s’imprime dans notre mémoire. Et parmi les clichés exposés, peu laisse indifférent.

Pour l’anecdote, Steve McCurry a reçu de Kodak la dernière pellicule Kodachrome de 36 poses sortie de la chaine de fabrication. Le photographe l’a shootée entre New York et l’Inde, immortalisant Robert de Niro dans sa salle de projection, la gare de Grand Central, des vedettes de Bollywood et des anonymes indiens.

Depuis 40 ans, le photographe à l’œil assuré raconte des communautés, documente des modes de vie voués à disparaître, témoigne d’un temps révolu. Un côté ethnographique se dégage du travail du photographe, témoin de coutumes ancestrales en recul, mises à mal par l’extension et l’uniformisation du monde occidental. La fameuse locomotive à vapeur qui longe le Taj Mahal n’existe déjà plus, les rails ont été remplacés par une route goudronnée.

L’accrochage, déambulation labyrinthique mêlant années et pays constitue en soi un périple et rend un bel hommage au travail du photographe voyageur. En plus de la quarantaine de tirages commentés par l’auteur, dans une salle de projection aménagée au sous-sol, Steve McCurry revient sur sa passion pour les voyages, raconte son enthousiasme pour les rencontres, explique son mode opératoire…

Le monde de Steve McCurry, musée Maillol, 59-61 rue de Grenelle, 75007. Jusqu’au 29/05/2022. Audioguide compris dans le prix d’entrée.

https://www.museemaillol.com/expositions/steve-mccurry/

https://www.lense.fr/news/quand-steve-mccurry-utilise-la-derniere-pellicule-kodachrome-existante/

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