A la rue !

L’urbanart, art capital

Les grilles de l’Hôtel de Ville se sont parées de photos représentant des œuvres de streetart qui ornent les murs de Paris. Une mise en bouche de l’exposition Capitale(s), 60 ans d’art urbain, visible salle Saint Jean.

70 artistes, pas moins, prennent place dans cette rétrospective qui retrace plus d’un demi-siècle de streetart dans Paris et se présente comme un voyage chronologique depuis la fin des années 60 jusqu’à nos jours. Un panorama immersif au cœur de l’urbanart dans toute sa diversité : affiches, pochoirs, graffitis, fresques, mosaïques, collages, stickers…  Parmi les artistes représentés : Miss.Tic, Invader, Banksy, Kraken, C215, Mosko, Jef Aérosol, Obey, JR, Jerôme Mesnager, Blek le rat, Speedy Graphito, Psychose, Epsylon Point, Futura 2000, Keith Haring…

Il était un tag

Tout commence en 69 lorsque Jacques Villeglé colle sur les palissades du chantier des Halles des affiches lacérées qu’il a collectées deux décennies plus tôt. En parallèle, il crée un alphabet où chaque lettre-symbole renvoie à une référence sociologique. Cette invention est vue comme l’ancêtre du graffiti en France. Arrivent ensuite Ernest Pignon-Ernest et Gérard Zlotykamien, premier à utiliser la bombe aérosol pour esquisser des silhouettes inspirées de Miró. En 1981, Futura 2000 réalise, lors d’un concert des Clash à Mogador, une toile à la bombe aérosol. En 95, ce sera A-One qui œuvrera aux côtés des Rolling Stones durant leur tournée française. Fin 82, est lancé au Bataclan, le New York City Rap Tour. Le streetart fait bon ménage avec la musique rap, hip hop et rock. D’ailleurs pochoiristes, graffeurs et musiciens « jouent » de concert entre 1990 et 1997 à l’Hôpital éphémère, friche au sein de l’hôpital Bretonneau dans le 18è, où sont installés des studios d’enregistrement. Mais, les années 90 sont aussi marquées par une importante répression avec la création d’une brigade de police dite « cellule tags ». Les streetartistes pris sur le fait sont arrêtés et doivent s’acquitter de fortes amendes. Qu’à cela ne tienne, les graffiteurs prennent pour nouvelle cible le matériel roulant : trains de banlieue, métros… Ainsi, leurs tags et signatures circulent et marquent un territoire. Psychose, lui, trouve refuge dans les catacombes.

Protéiforme

Parmi les œuvres exposées, certaines sont emblématiques telles que la boîte aux lettres présentant le portrait de Simone Veil fait par C215 et la photo de la porte du Bataclan avec la madone en larmes peinte par Banksy après les attentats de 2015. D’autres sont humoristiques comme l’index des points et la carte des pixels apposés dans Paris par Invader. Sur les 4000 mosaïques collées dans le monde, près de 1500 se trouvent dans notre capitale. Visibles aussi des vitrines remplies de stickers, des documents audiovisuels sur lesquels on découvre les streetartistes au travail, des archives dont un procès-verbal original dressé en 2011 à l’encontre de Cokney pour « dégradations volontaires de biens d’utilité publique ».

Capitale(s), 60 ans d’art urbain, salle Saint Jean, Hôtel de Ville, 75001. Expo gratuite sur réservation. Jusqu’au 11/02/2023. https://www.paris.fr/evenements/capitale-s-60-ans-d-art-urbain-a-paris-25905



Commentaires

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