Futaie futée

Futaie futée

Le MAIF Social Club, espace culturel engagé en faveur de la solidarité et la préservation de l’environnement, présente Le chant des forêts - l’écho d’un monde qui pousse, sa nouvelle exposition/installation qui se visite telle une traversée sensorielle.

Dix artistes contemporains nous donnent à voir, écouter, toucher leur interprétation de ce que représente pour eux, en ce premier quart de XXIè siècle, la forêt. Le parcours, circulaire, débute par une clairière jonchée de dômes verdoyants posés au sol symbolisant la canopée des arbres. Le visiteur est invité à slalomer entre ces coupoles réalisées à partir de bandes de textiles recyclés par Emilie Faïf. Tout en déambulant parmi cette canopée baignée par la lumière de la verrière du lieu, on est immergé dans les chants des oiseaux et autres habitants de la forêt de Bialowieza, dernière forêt primaire d’Europe, à la frontière polonaise et biélorusse. Cet enregistrement d’une demi-heure, capté au cœur des bois par le compositeur audio-naturaliste Fernand Deroussen, pendant « l’heure bleue » juste avant l’aurore, nous transporte aux côtés d’une bécasse, une chouette hulotte, un rossignol, un coucou, une grive, un chevreuil…

Moins poétique mais particulièrement percutante, l’araignée géante faite de branches de sapins de Noël récupérés dans la rue par l’artiste Florian Mermin nous rappelle le rôle crucial de cet arachnide dans la régulation de l’humus et des bois morts. Avant que de s’enfoncer dans la pénombre synonyme des sous-bois, le visiteur passe sous une espèce de nid géant ou cabane boule perchée construite par Tatiana Wolska à partir de branches ramassées dans les forêts d’Île-de-France. Bienvenus dans la forêt (enc)hantée. Brocéliande, Sherwood, Amazonie, les bois ont toujours été associés aux légendes et sont supposés abriter des créatures magiques voire maléfiques. Telle Curupira, créature mi humaine mi animale, que l’on découvre via le témoignage d’habitants de Tauary dans une vidéo de 35 minutes filmée au cœur de la forêt amazonienne par Félix Blume.



Cesser de forer les forêts

Outre des êtres légendaires, les forêts sont aussi le lieu de vie de peuples autochtones œuvrant contre la déforestation, la destruction de leur environnement et la disparition des faune et flore endémiques. C’est le message de Beya Gille Gacha qui, avec sa sculpture représentant un enfant camerounais plantant de la végétation, rend hommage à l’ancien leader politique burkinabé Thomas Sankara qui lança le premier programme africain de lutte contre la désertification et la déforestation et fit planter 10 millions d’arbres en 4 ans. Romain Bernini nous invite lui aussi à changer notre manière d’appréhender la nature pour la considérer comme un être vivant à part entière. Son triptyque constitué de tableaux d’arbres peints dans le sens vertical, alors que traditionnellement la peinture de paysage est représentée horizontalement et que le format hauteur est réservé aux êtres humains, a pour objectif d’humaniser ces arbres, d’abolir la hiérarchie du vivant, et placer la nature au niveau d’Homo Sapiens. Une rupture symboliquement forte des codes artistiques à l’époque du tout image, révélateur du rôle de l’arbre en tant qu’élément fédérateur de l’écologie politique.

Le chant des forêts, Maïf Social Club, 37 rue de Turenne, 75003. Expo gratuite jusqu’au 22/07/2023.

https://programmation.maifsocialclub.fr/evenements/le-chant-des-forets/

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