Show King !
Who’s that girl ?
Née à Rome en 1890, dans une famille aristocratique érudite,
Elsa Schiaparelli est descendante des Médicis par sa mère. Son oncle, astronome,
décèle sur la joue gauche de la fillette 7 grains de beauté qui lui évoquent la
constellation de la Grande Ourse. Emblème que la créatrice adoptera. En 1922, Elsa
Schiaparelli, qui a quitté son mari volage, s’installe à Paris après un passage
par Londres et New-York. Elle assiste Man Ray pour son magazine Dada Société
Anonyme. Rapidement elle rencontre Salvador Dali, Jean Cocteau, Louis Aragon,
Alberto Giacometti, Elsa Triolet et le couturier Paul Poiret. En 1927, elle a
l’idée de pulls tricotés présentant sur le devant de gros nœuds en trompe l’œil
qui la lancent. Amoureuse du rose, elle crée la teinte rose shocking, un
fuchsia intense. Face au succès, en 1935, elle quitte son appartement de la rue
de l’Université et ouvre une maison de couture avec boutique au rez-de-chaussée
d’un hôtel particulier Place Vendôme. Entre 40 et 45, elle s’installe aux USA
mais la maison parisienne reste ouverte. A son retour en 47, elle embauche le
jeune Hubert de Givenchy qui devient premier assistant puis directeur
artistique. Fin 1954, la maison Schiap ferme définitivement ses portes. Sa
créatrice décède en 1973 à 83 ans laissant derrière elle sa petite-fille la
comédienne Marisa Brenson. Ce n’est qu’en 2012, grâce à Christian Lacroix que
Schiap, actuellement dirigé par Daniel Rosberry, renait de ses cendres.
Kaléidoscope
L’exposition qui compte 272 costumes et accessoires, mis en regard avec 248 œuvres originales signées de ses amis surréalistes, s’étend sur deux étages. La déambulation commence par une salle dont les murs sont tapissés sur toute la hauteur de croquis de créations, plus des carnets de dessins et la couverture du Time Magazine présentant en 1934 la couturière iconique. Des dessins qui se reflètent à l’infini sur les miroirs parant au plafond. Elsa Schiaparelli a en effet donné à l’Union Française des Arts du Costume, outre des vêtements et accessoires, 6387 dessins de collection. Un fond inestimable conservé par le MAD. S’ensuivent des salles présentant à la fois des modèles Schiap, roses mais pas que, des photos de Man Ray, des peintures, sculptures, affiches signées de ses amis artistes, des dizaines de gants, chapeaux, bijoux et boutons de tous les styles et de toutes les formes. On redécouvre des pièces issues des collections thématiques Païenne, Papillon, Musique, Cirque, Comédia dell’Arte, Zodiaque… Passionnée d’Art, Elsa Schiaparelli avait pour principe de faire dialoguer les disciplines, de s’affranchir des codes, d’utiliser des matières innovantes pour réinventer les classiques et créer des modèles inimitables.
Au premier étage, est reconstitué le salon de couture de la Place Vendôme, sans oublier une salle aux parfums où trône le fameux flacon Shocking dessiné par la peintre italienne Leonor Fini. On croise aussi la fameuse robe homard conçue en 1937 pour Wallis Simpson, duchesse de Windsor, et inspirée par Salvador Dali, le chapeau chaussure porté par Gala Dali, la cape rose shocking, la veste de tailleur et le manteau du soir brodés des dessins offerts par Jean Cocteau, le tailleur en tissus journal et la robe portée par Lady Gaga lors de l’investiture de Joe Biden prêtée pour l’occasion par l’artiste. Car, depuis sa résurrection, la maison Schiap ne cesse d’inspirer les créateurs tels qu’Yves Saint Laurent, John Galliano, Christian Lacroix, Azzedine Alaïa qui ont rendu ou rendent hommage à la plus parisienne des romaines.
Schocking ! Les mondes surréalistes d’Elsa Schiaparelli. MAD, 107 rue de Rivoli, 75001. Jusqu’au 22/01/2023.
Commentaires
Enregistrer un commentaire