Fragrance délit figuratif

Fragrance délit figuratif

C’est officiel, l’art urbain a acquis ses lettres de noblesse. Preuve en est avec la nouvelle intervention de l’artiste Codex Urbanus visible jusqu’au 31 décembre à deux pas du Palais Garnier. Après la bibliothèque Forney dans l’Hôtel de Sens, les musées Gustave Moreau, Clémenceau, des égouts de Paris, de l’éventail, le château de Malmaison, l’Aquarium de Paris, le scriptorial d’Avranche, Codex Urbanus, investit le musée du parfum Fragonard. L’occasion de (re)découvrir ce lieu didactique, ouvert au public en 1983, sous un éclairage ludique.

Inaugurée mi-septembre à l’occasion des Journées du Patrimoine, l’intrusion  du streetartist convie les visiteurs à une exploration décalée, à la recherche des importuns planqués au milieu d’une galerie de portraits ou parmi des rangées de pots et fioles. Mais pourquoi Codex Urbanus s’invite-t-il chez Fragonard me demanderez-vous ? Quel est le point commun entre parfum et streetart ? Le côté volatile de ces créations, vous répondrai-je. Toutes deux sont vouées à disparaître : tout comme l’effluve s’estompe dans l’air, le motif visuel s’efface des murs. A cela s’ajoute le fait que d’antan, les parfumeurs avaient recours à des substances naturelles pour élaborer leurs jus (sécrétions et concrétions animales notamment). Or, Codex conçoit des bestioles composites, créatures protéiformes inspirées d’animaux réels existants dans la nature.

Olfactif factice

Top départ pour une chasse à l’intrus. Indice : ça commence dans l’escalier puis se poursuit dans le grand salon (ça fait un peu Cluedo géant, non ?). Retrouverez-vous les cartes de visite anciennes de la Maison Fragonard invitant à se rendre dans les usines Grassoises version Codex ? Les planches botaniques de plantes hybrides ? Sans oublier l’affiche publicitaire pour la fragrance Belle de nuit revisitée ? Mention spéciale pour les vaporisateurs nouvelle génération de Codex, conçus à base de bombes aérosols habillées des chimères, qui ponctuent les vitrines de la salle des flacons. On ignore si l’habit fait le moine mais les noms de ces contenants laissent rêveur : Sexy Pharaon, Gargouille, Comte Vandale, Bombe de nuit, Orbi et Zarbi…

A bonne éKHôL

Parallèlement au jeu de piste proposé par Codex Urbanus, au musée Fragonard, on part à la découverte des secrets de fabrication du parfum depuis l’Antiquité. La maison, fondée en 1926 et  installée à Grasse, doit son nom au peintre de Louis XVI Jean-Honoré Fragonard, fils d’un fabricant de gants parfumés grassois. Passé le majestueux salon bleu sont présentés, dans des vitrines esprit cabinet de curiosités, les trésors du lieu. La collection se déploie par thèmes et par ordre chronologique. Des animaux empaillés rappellent que les sécrétions naturelles de certains d’entre eux (ambre gris issu des concrétions intestinales du cachalot) étaient utilisées en parfumerie avant que d’être reproduites sous forme de molécules de synthèse.  Puis, c’est une profusion de pots antiques à khôl, à fards, à pommades, de bocaux en porcelaine façon apothicaire, de contenants anciens à sels, dont un en verre taillé en forme de pistolet, de pièces historiques  dont un étui à parfum ayant appartenu à Marie-Antoinette, le nécessaire de voyage offert par le Duc de Berry à son épouse, des flacons de parfums et un poudrier en forme de cadran téléphonique rotatif estampillés Elsa Schiaparelli…

Pied de nez

Dans la dernière salle, trônent un « orgue à parfums », étagères en demi-cercle proposant des centaines de fioles contenant les essences et matières premières, servant de base à l’élaboration des parfums par le « nez » et un alambic ancien. Sont aussi présentés des cadres pour le séchage des fleurs et des vidéos retraçant toutes les étapes de fabrication d’un effluve : cueillette, extraction, distillation, formulation, industrialisation, flaconnage…

On apprend aussi que les estagnons, contenants en étain, marque de fabrique de la maison Fragonard, viennent du provençal estagnoun (signifiant étain, alliage de plomb et d’argent propice à la préservation des jus de la lumière). C’est la fille du créateur qui eut l’idée de les dorer pour un look plus féminin.

Le + : la gratuité / le QR Code à scanner via son smartphone à l’entrée de chaque pièce qui donne accès aux commentaires.

Le - : l’heure de fermeture = 17.30 en semaine / 16.30 le dimanche.

Musée du Parfum Fragonard, 9 rue Scribe, 75009. Entrée libre. Le streetart se met au parfum,  Codex Urbanus s’invite chez Fragonard, jusqu’au 31/12/2023. https://musee-parfum-paris.fragonard.com

site artiste : www.codexurbanus.com/ insta : @codexurbanus

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