Alerte Invasion

Ado de la génération X, biberonné aux jeux d’arcade et consoles Atari, Franck Slama alias Invader, est diplômé de l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris. Depuis 1996, année où il hacka pour la première fois l’espace public en déposant un space invader à proximité de Bastille, il orne l’univers de ses mosaïques. Les anciens locaux du quotidien Libération, nichés derrière la Place de la République, accueille son exposition Invader Space Station.

Si les lieux ont vu des dizaines de Unes de Libé se monter, ils abritaient initialement un parking. Pour preuve, la coquille brute de béton et surtout la rampe d’accès des véhicules menant d’un étage à l’autre. C’est l’actuel propriétaire des lieux, fan de streetart, qui a sollicité Invader pour le montage de cette rétrospective avant remise aux normes du site. L’expo s’étend sur 3500m2 et 5 plateformes (du 5è au 9è). On grimpe au 5è par un escalier le long duquel sont placardés nombre d’autocollants et peinte la mention « loading » affichant la progression au fur et à mesure de l’ascension. Poussée la porte, on est face à une installation son et lumière faite de séparateurs de chantier qui s’éclairent aléatoirement comme autant de space invaders sur un moniteur. Direction l’étage 6 via la rampe. Et on ne peut s’empêcher de penser à Mario accédant au niveau supérieur dans Donkey Kong.

Paris est une fête

Une carte de Paris cataloguant tous les pixels installés dans la capitale, actualisée depuis l’expo dédiée à l’histoire du streetart de l’Hôtel de Ville, se déploie. Sur 4 murs, les photos de tous les invaders parisiens, depuis le premier identifié PA01 au dernier en date, PA1500, créé pour l’occasion. Installé (avec autorisation) sur un tuyau de Beaubourg, il est visible, au moyen d’une longue vue, depuis le 9è étage du site de l’expo. Sur 4000 et quelques œuvres réalisées à travers le monde, 1500 couvrent donc les murs parisiens. C’est que Paris est le port d’attache et le terrain de jeu privilégié de ce résidant de la ville lumière. Des extraits de vidéos nous montrent d'ailleurs l’artiste y cimentant ses créations la nuit. Au 7è étage, ce sont une carte répertoriant tous les pictos apposés dans le monde (32 pays et 170 villes « envahis ») avec le décompte par cité. Des photos grand format nous en découvrent certains dans leur contexte (mer de Cancun, stratosphère, station spatiale internationale, Tour Eiffel, Grande Muraille, et le 4000è à 4000m d’altitude à Potosi en Bolivie).

Rubikcubisme

En 2005, Invader invente une nouvelle technique, toujours dans l’esprit pixels et mosaïques : le rubikcubisme. Il utilise le cube à facettes colorées pour réaliser des tableaux. Une sélection est montrée niveau 8 : Mona Lisa, Devils Tower (Rencontre du 3è type), la série des Marilyn, Reservoir Dogs, Clock Orange… C’est en prenant du recul que l’image apparait. Et où l’on découvre, dans une vitrine XXL, la passion de l’artiste pour les figurines des œufs Kinder. Sans oublier le happening orchestré dans les cieux de la côte d’azur à l’été 2021. Enfin, au 9è étage, la fresque rouge, noire et blanche, représentant le logo de Libération, réalisée en 2011, s’offre aux yeux des visiteurs. Bon voyage à bord de l’Invader Space Station.

Invader Space Station, 11 rue Béranger, 75003. Jusqu’au 05/05/24. 10€. Prévoir 2 heures de visite (jauge limitée à 100 personnes max simultanément).

Commentaires

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