MADemoiselle Iris

Le musée des arts décoratifs, n’en finit pas de nous bluffer. Après Christian Dior, Thierry Mugler et Elsa Schiaparelli, c’est au tour d’Iris Van Herpen d’être mise à l’honneur. (On salue cette parité). Bienvenue dans l’univers décalé et novateur de la créatrice de mode néerlandaise d’à peine 40 ans.

Née en 1984 et originaire d’un petit village hollandais lové en pleine nature, Iris Van Herpen, qui a grandi sous le regard bienveillant d’une grand-mère s’adonnant à la couture, a fourbit ses armes auprès d’Alexander McQueen. Elle crée sa maison à Amsterdam en 2007. Un grand atelier inondé de lumière en bordure de canal. En 2014, elle remporte le prix de l’Andam (Association nationale pour le développement des arts de la mode).

Muse Dame Nature

L’exposition rétrospective se veut pluriel. Si l’on y découvre une centaine de pièces de haute couture, on croise aussi des fossiles, coquillages, coraux, des illustrations d’œuvres littéraires, des planches de biologie, de l’art contemporain… C’est que tout est source d’inspiration, « la nature est un temple »*, comme l’écrit Baudelaire. Et, en effet, IVH étant douée de synesthésie (NDLR : don qui associe plusieurs sens. Concernant IVH, la musique évoque des matières), on ne peut s’empêcher, lors de la déambulation, de penser au second quatrain du sonnet Correspondances du poète des Fleurs du Mal*. De sorte que dans les premières salles, consacrées au monde aquatique, on découvre des robes inspirées des ormeaux, conques, méduses, aux teintes iridescentes, beiges, brunes. Des robes qui semblent danser comme les ondes. La danse, autre influence majeure pour la créatrice. Plus loin, ce sont des robes semblables à des chrysalides, papillons, lichens et filaments, ramifications de racines, roses des sables, capitules de pissenlit…

Sensible, en raison de son enfance campagnarde, aux problématiques environnementales, Iris Van Herpen, esprit novateur et avant-gardiste, si elle utilise dès 2010 l’impression 3D et la découpe au laser ou au jet d’eau pour ses modèles, privilégie les matériaux écoresponsables : plastique recyclé et fèves de cacao. Faisant feu de tout bois, IVH mobilise tant le moulage en silicone ou le système d’aimantation que les savoir-faire traditionnels pour créer des exosquelettes (robes skeleton et cathédrale gothique) que donner vie à des drapés aux 1000 plis. Ainsi, l’acrylique, le plexiglas, le silicone voisinent avec l’organza, la soie, la moire, la dentelle… Portés dans l’exposition par des mannequins en plastique perforé, renforçant encore le côté futuriste des prototypes. S’il semble malaisé de porter les modèles d’IVH à la ville, sur scène, ses créations sont plébiscitées par Beyoncé, Bjork ou Lady Gaga. En témoignent une série de photos affichées dans l’escalier menant au premier étage. En haut, une salle, présentant une multitude de tissus, textures, matériaux, chairs, noirs, blancs, rouges, bleutés, nacrés, argentés, donne une idée du foisonnement du studio de création d’Amsterdam. Enfin, deux espaces projettent des moments phares des défilés.

Iris Van Herpen, Sculpting the senses, Musée des Arts Décoratifs, 107 rue de Rivoli, 75001. Jusqu’au 28/04/24. https://madparis.fr/Expo_IrisvanHerpen

* « Comme de longs échos qui de loin se confondent Dans une ténébreuse et profonde unité, Vaste comme la nuit et comme la clarté, Les parfums, les couleurs et les sons se répondent. » 

 Correspondances, Baudelaire in Les Fleurs du Mal, 1857.

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